Ce qui ne va pas dans la société actuelle
préambule
À l’origine des lignes qui suivent se trouve un dossier de projet que j’ai porté dans ma région en 2014, d’étude pour la création d’un institut d’éducation populaire
1. Pour donner à voir le bien-fondé d’un tel projet, j'ai jugé bon — en toute ingénuité — d’essayer de dire « ce qui ne va pas dans la société actuelle ». Je l’ai fait en reprenant un ensemble de mots d’ordre provenant des « manifestes » de sept mouvements de la société civile, diversement investis dans le champ « socio-culturel ».
Malgré son inélégance, ce condensé a un intérêt : il indique un certain « consensus » sur « ce qui ne va pas dans la société actuelle ».
D’aucuns pourraient avoir l’impression qu’on « enfonce ici des portes ouvertes ». Mais, au vu des « conséquences » (nulles, il me semble) que ces « manifestes » ont eu sur les choses qu'ils dénoncent, on doit plutôt comprendre qu'on enfonce des portes fermées, et même blindées. C'est donc à ce titre que je le fais figurer ici…
Les manifestes de ces sept mouvements :
- Manifeste de Skhole.fr (2008, SK)
- Manifeste d’Ars Industrialis (2005, 2010, AI)
- Manifeste de la Ligue de l’Enseignement (2010, AI)
- Manifeste des économistes atterrés (2010, MET)
- Manifeste pour la récupération des biens communs (2009, BC)
- Charte de l’« appel des appels » (2009, AA)
- Charte de l’éducation populaire (CNAJEP, 2005)
- Manifeste pour l’ouverture à la culture informationnelle (FADBEN, 2012)2
- Manifeste pour le domaine public (Communia, 2010)3
Ce qui ne va pas…
marchandisation
La marchandisation s’étend désormais à la quasi-totalité des services et des biens communs : santé, éducation, culture, information, transports, sécurité, eau potable (LE) ; la privatisation et la marchandisation des éléments vitaux pour l'humanité et pour la planète, sont plus fortes que jamais (BC) ; notre désir a été détourné vers des marchandises (AI) ; la "vie de l'esprit" a été entièrement soumise aux impératifs de l'économie de marché, et elle est en partie détruite (AI); culte de l’argent (AA) ; une forme de dictature des marchés s’impose partout, menaçant les services publics (MET) ; Nous nous sommes laissé instrumentaliser par les puissances économiques, et la puissance publique a [baissé les bras devant ce problème] (AI) ; éduquer, ce n’est pas « insérer » ou « rendre employable », mais former des hommes (SK) ; [nous subissons la pression d’une] idéologie de la norme et de la performance (AA) ; culture consumériste (BC).
Déshumanisation
Civilisation inique et destructrice de l’humain (AA) ; nous assistons à la destruction des savoir-faire, la destruction des savoir-vivre, des savoirs théoriques et critiques eux-mêmes ; nous ne prenons pas soin de nous et des autres (AI) ; [Nous vivons dans] une société du mépris, des humiliations et de la brutalité des égoïsmes (LE) ; destruction volontaire et systématique de tout ce qui tisse le lien social ; peur de l’autre (AA) ; l’engagement social et civique s’affaiblit (LE) ; Le bien-être de tous et la préservation de la Terre sont sacrifiés au profit financier à court terme de quelques-uns (BC).
Illusion démocratique
La démocratie se dégrade en jeux d’ombres et pures rivalités de pouvoir qui tiennent les citoyens à l’écart (LE) ; politique qui liquide les principes de droit et les valeurs de notre démocratie (AA) ; Un véritable débat démocratique sur les choix de politique économique doit donc être ouvert en France et en Europe (MET) ; marchés financiers hors de tout contrôle public (BC).
Hétéronomie
L’homme n’est pas « majeur », n’est pas autonome (SK) ; le sens de son existence et celui du monde lui échappent (SK) ; dispositifs de servitude (AA) ; la publicité de masse conditionne les personnes ; La plupart des économistes qui interviennent dans le débat public le font pour justifier ou rationaliser la soumission des politiques aux exigences des marchés financiers (MET) ; l’éducation à la critique n’est pas prise en charge par l’école (SK) ; le monde est régi par une «bêtise» (AI).
Résumons le tout en une phrase :
Nous vivons dans une société où des puissances économiques se sont emparées de ce qui relève de biens communs en les transformant en marchandises, provoquant des effets de destruction des liens humains, sans que les capacités critiques des individus parviennent à enrayer les effets de conditionnement sous-jacents à ce processus.
Notes de bas de page:
Ce projet n'a pas trouvé de ressorts suffisants parmi les édiles régionaux pour être développé, même s'il a été soutenu et encouragé par certains élus et techniciens, dont l’élue en charge de l’ESS de l’époque.