L'horreur cosmique
Le paradoxe de Fermi est la considération du "silence" cosmique ("ils n’atterrissent pas devant la maison blanche", le programme SETI ne donne rien, etc.) alors que nous avons de bonnes raisons de penser que la vie s’est développée ailleurs comme elle s’est développée ici. Pourquoi ? Parce que le Soleil est plus "jeune" que nombre d'étoiles de notre galaxie. Ainsi, considérant la vitesse du progrès technique, il est paradoxal que nous ne soyons pas visités (infestés ?) par toutes sortes de créatures dont le développement technique doit être aujourd'hui exponentiellement supérieur au nôtre. So, where is everybody ?
Aimé Michel a développé deux hypothèses à propos de ce paradoxe : ce silence témoignerait soit d’une "sortie de l’espace-temps" chez nos "voisins" galactiques, soit d’une décision de "descendre du train" une fois prise la mesure de l’horreur de leur condition. Leur décision serait ainsi celle qui nous attend. Cette seconde et terrible hypothèse m’a poussé à plusieurs remarques (du genre autodéfense émotionnelle).
- Notre "nature" semble répugner à ce genre de pensées extrêmes. Mais s'agit-il de notre "nature" ou d’une habitude contractée jusqu'à maintenant ? AM nous fait comprendre ailleurs et de manière très convaincante que notre nature, justement, est promise à évoluer : ainsi, cette nature n’existe pas vraiment et en tout cas, il est bien périlleux de croire qu'on tirera aucune certitude en partant de la considération de notre nature actuelle. Diallèle ! dirait Aimé Michel — caractère fallacieux de ce raisonnement mien (à ce stade de développement du reste) ;
- le rappel de certaines angoisses juvéniles miennes ont renforcé l’horreur de l’idée ;
- Pourtant, heureusement, rien n’indique qu'une idée serait d’autant plus vraie qu'elle serait plus forte ou extrême ; au contraire, il existe, dans notre nature — actuelle, donc — quelque chose de l’ordre d’une "région où l’homme normal aime à se tenir "1, qui répugne manifestement à ce genre d’idées sensationnelles ; 4) AM est un penseur plutonien ou "post-plutonien" par époque et sans doute par naissance ;
- une manière astrologique ou astrophilique de comprendre ce genre d’idées est d’en référer à Pluton comme leur réservoir, ou leur forge. Or Pluton n’est qu'une planète parmi d’autres, et c’est le système dans son ensemble qu'il faut considérer. D’où, la relativité de cette plutonienne idée ;
- ceci renforce l’idée exprimée en 3)
- j’ai ressenti le besoin d’écrire après avoir éprouvé cette idée — besoin de "rationaliser" au sens freudien, et/ou de me l’approprier… Même si je sais maintenant que cette idée existe comme trou.
- Tout le "sérieux" universitaire est frivolité face à ce genre d’invitation ;
Cette idée est exprimée en note de bas de page par Bertrand Méheust, je ne l’ai pas lue d’AM lui-même. Je me souviens de la perplexité avec laquelle j’avais survolé cette autre note de Méheust où il disait que la pensée de AM pouvait être "terrible". Je croyais avoir à peu près tout survolé en termes d’idées gouffres. — survolé, en effet, est peut-être le mot.
edit 2018 : Les hypothèses entourant le paradoxe de Fermi sont légion2. Leur nombre et leur variété donne à relativiser la terrible hypothèse d’AM.
edit 2020 : J’essaierai un jour prochain de déployer l’hypothèse exprimée en 5. Il me semble en effet de plus en plus clair avec le temps que les idées forgées dans le zeitgeist plutonien (idem celles héritées des temps uranien ou neptunien) sont affectées, relatives, voire bornées.
Le corrollaire étant que la vérité des idées ne peut être appréhendé que dans une approche perspectiviste, « relativiste », multidimensionnelle.