ven. 29 oct. 2021

Politiser la science ?

science   croyance   mundus  

Préalables

  1. « La science » — à un tel degré de généralité — est une expression problématique, et c’est en partie l’objet de cet article que d’essayer de clarifier avec quelles précautions on peut en parler ;
  2. Nous sommes entrés dans un monde où la science1, de fait, diffuse ses effets (technologiques) dans la société et doit ainsi être comprise comme une affaire politique ;
  3. Chaque citoyen étant directement concerné par ses effets techno-sociétaux, il devrait s’autoriser (à s’intéresser et) à parler de « la science », au moins dans ce qu'elle a de politique ;

La science se discute-t-elle ?
Un certain Fauci, pu déclarer récemment : « M’attaquer, c’est attaquer la science »2 — sous-entendu : on « n’attaque » pas la science. Plus récemment encore, l’espace public français s’est vu médiatiquement traversé par le slogan gouvernemental « on peut discuter de tout, sauf des chiffres », — une autre manière de dire que les productions de la science sont proprement indiscutables. C’est là un malheureux amalgame, une généralisation abusive.

Sans aller trop loin dans la discussion — oui, une discussion — sur la question de savoir si la science peut produire des énoncés indiscutables — ou absolument vrais, je me contenterai de quelques rappels :

a) De façon générale, toute science fait l’objet de théories, qui reposent sur des postulats, des modèles, des paradigmes, lesquels sont toujours questionnables à des degrés divers. Même au sein de la physique, qu'on reconnaît comme étant la plus « dure » des sciences, on continue de discuter.

b) Toutes les sciences ne partagent pas les mêmes régimes de preuve, ou de scientificité. Certaines sont plus expérimentales (chimie), plus ancrées dans « l’expérience », d’autres plus théoriques (cosmologie).

Et pour prendre un exemple, trivial s'il en est, même lorsqu'on reconnaît comme « vrai » que « la terre tourne autour du soleil », on devrait ajouter, en toute rigueur… pour ce qu'on en sait. — Car rien ne nous dit que cela sera vrai après-demain, ou que c’était vrai avant-hier3. Donc même ici, il y a encore de l’espace pour discuter.

Un Copernic, un Galilée, entre autres, ont discuté la science de leur époque. Quand elle devient « indiscutable », ça commence à sentir le bûcher.

Notes de bas de page:

1

Pour un meilleur confort de lecture, je ne conserverai les guillemets que dans certaines occasions, mais que le lecteur garde en tête que mon intention est de maintenir la précaution autour de l’expression

3

Cf. les théories catastrophistes du système solaire, etc.