Uranus, destruction du religieux et technologie spirituelle
La religion apparaît à beaucoup comme un « stade dépassé » de l’évolution intellectuelle de l’humanité, voire une régression, etc. Bien souvent, le zeitgeist suffit à dicter ce genre de réflexions. Le recul de la religion n'est pas pour moi le fruit d'une improbable "conquête" de la raison, d’une maturation culturelle ou d’un décillement quelconques. Au contraire, je crois que c’est le produit d’une métamorphose anthropologique dont l’appropriation par la raison et ses discours n’est que la rationalisation (au sens de la psychanalyse), le reflet, l’épiphénomène. Avant cette rationalisation, il y a un (brutal) changement de cap ontologique. Né de la secousse, l’Homme Nouveau1 est celui qui s’est vidé d’une partie de sa substance — aspirée par la tête.
Uranus est évidemment le grand protagoniste de cette oeuvre (même si Pluton a peut-être fini le (sale ?) boulot). Les deux symboles d’Uranus indiquent le haut, la tête : ⛢ et ♅ Le premier indique on ne peut plus clairement la nouvelle direction ; le second l’irrigation nouvelle de la tête 2 et son expansion horizontale. Uranus est le grand "rationalisateur", le promoteur de la science, de l’expérimentation, etc.
Mais Uranus n'est pas sourd à ses propres limitations. Il est peut-être capable de renouveler notre « rapport » à la chose religieuse et à Dieu. Valéry l’Uranien3 a oeuvré dans cette direction, explorant les "quatre coins de sa chambre mentale", affirmant la nécessité de l’ascèse, ce qu'il appelle Gladiator. Valéry a rappelé aussi que la tradition monastique lègue un héritage considérable à l’esprit comme florilège de techniques.
Nous assistons aujourd'hui à l’explosion de ces "techniques de soi". De la PNL aux DIY sur les rêves lucides et les OBE, on sent venir l’ère de la techno-religion. Uranus n'est pas seul dans le coup, mais il sera de la partie.